FOREL Groenland 2024

L'objectif du programme de l’été 2024 est de mieux comprendre comment le changement climatique affecte les écosystèmes des fjords du sud-ouest du Groenland.


Pour réaliser cette mission, deux programmes scientifiques vont se succéder à bord de FOREL durant l’été 2024 : un programme scientifique Suisse “ GreenFjord” supporté par le Swiss Polar Institute et un programme scientifique canadien, dirigé par Philippe Archambault de l’Université Laval (Québec).

Zoom sur le sud-ouest du Groenland : principaux sites de prélèvements, FOREL - été 2024



1. PROGRAMME SUISSE "GREENFJORD"

Objectif : étudier les interactions océan-glace-air et la biodiversité dans le fjord Nordre Sermilik, situé au nord de Narsaq, au sud-ouest du Groenland.. 




Les scientifiques étudieront les variables océanographiques telles que la température, la salinité, la chlorophylle, le carbone/l’azote organique particulaire et dissous et les gaz à l’état de traces (CO2, CH4 et N2O). Des échantillons d’eau seront également collecté afin de déterminer la composition du phytoplancton. Afin de bien comprendre les interactions océan-glace-air, des échantillons atmosphériques (aérosols) seront collectés de manière continues. Un groupe d’expert spécialisé sur l’étude de la biodiversité souhaite également étudier la communauté de poissons vivant dans ce fjord en réalisant un échantillonnage de d’ADN environnemental (ADNe). 

Site internet : www.greenfjord-project.ch  

 Missions

  • collecte de nombreux échantillons d'eau de mer à l'aide de la rosette et définition de profils physicochimique grâce à la CTD. La FerryBox sera utilisée de manière continues afin de collecter les propriétées physicochimiques des  eaux de surface (CO2, température, fluorescence).
  • collecte d’échantillons d’air de manière en continus et pounctuel pour identifier et mesurer la composition des particules dans l’air. 

ADNe, de quoi parle-t-on ?

Tout être vivant, quel que soit sa taille ou son écologie, laisse des traces d’ADN lors de son passage dans le milieu qu'il fréquente, via la perte d'écailles, de poils, des sécrétions. L’ADN environnemental (ADNe) est une technique de surveillance de la biodiversité non invasive pour les milieux naturels et les espèces. Cette approche basée sur la récolte de d'échantillons du milieu (eau, sol, fèces) permet d’identifier les différents êtres vivants qui résident ou ont traversé ce milieu naturel. Cette approche est par définition non invasive puisque les individus ne sont pas concernés, seules leurs traces sont recueillies.  Relativement récente, la technique révèle des résultats intéressants pour le suivi des espèces rares.

Que sont les gazà l’état de traces   ?

À côté des 78% de diazote d’azote, des 21% d’oxygène, du moins d’1% d’argon et des 0,04% de dioxyde de carbone vous trouverez les gaz à l’état traces. Émis à la fois par des sources anthropiques et naturelles, ces gaz sont présents à des concentrations de l’ordre du nanogramme, soit 0.000000001 gramme, par mètre cube d’atmosphère. Malgré leurs très faibles concentration dans l'atmosphère, les gaz à l’état traces laissent leur empreinte dans la composition atmosphérique. Une fois émis, ces gaz ne sont pas inertes, mais ils sont très réactifs. Ils vont réagir entre eux dans l’atmosphère et conduire à la formation d’espèces secondaires, comme l’ozone. Ces aérosols secondaires ou certains aérosols qui ont un fort impact sur la santé et le climat. C'est pourquoi, ils est  primordial de savoir les identifier et les quantifier avec précision dans l’atmosphère. 

 

2. PROGRAMME CANADIEN SUR LE BENTHOS

Objectif : comprendre l’impact de la fonte des glaciers et des langues glacières sur la biodiversité associé au fond marins.  


Il a été démontré que les glaciers à terminaison marine* et à terminaison terrestre* jouent différents rôles en termes de productivité des écosystèmes en Arctique. Lorsque le ruissellement glaciaire pénètre dans le milieu marin, il stimule la productivité biologique à la base des réseaux trophiques* en faisant remonter des profondeurs de l’eau riche en nutriment . Les glaciers à terminaison terrestres sont plus turbide à cause de l’apport des rivières de sédiments et de minéraux. Ces eaux plus turbides retiennent les rayons du soleil essentielles au développement du phytoplancton. 

Les scientifiques de l’Université Laval à bord de FOREL vont donc échantillonner dans deux fjords influencés par des glaciers à terminaison marines et dans deux fjords influencés par des glaciers à terminaison terrestre. 

Missions

  • Les sédiments seront collectés soit à l'aide d'une benne à sédiments. Les organismes benthiques (vers, mollusques, etc) seront conservés à bord de FOREL soit dans du formol ou congelés à -20 °C. Au total : 4 stations de bennes (répliquées 3 fois) pour les 4 fjords. Ce qui fait un total de 48 bennes.
  • La faune associée au fond marins sera collectée grâce à un chalut déployé depuis la plateforme arrière de FOREL.
  • La CTD Rosette sera aussi déployée pour collecter des échantillons d’eau et mesurer la physico-chimie de l'eau.

Les analyses des échantillons seront réalisées au Canada à l’université Laval.
 

GLOSSAIRE 

 
  • On parle de “benthos”  lorsqu'on fait référence à l'ensemble des organismes associé aux fonds marins/sédiments (au dessus, dessus et dedans). On parle donc de mollusques, de crustacés et de vers que l'on peut voir à l'œil nu.
  • Les glaciers à terminaison marine sont définis comme des masses de glace qui entrent en contact avec l'océan (cf schéma)
  • Les glaciers à terminaison terrestre sont définis comme des masses de glace qui se terminent sur la terre (cf schéma)
  • Les relations trophiques font référence aux relations alimentaires entre les vivants d'un même écosystème.